Site du nouvel hôpital: «On est dans un moment charnière»
Par Daniel LeBlanc, Le Droit
11 juin 2024 à 20h39
Le site du futur Centre hospitalier affilié universitaire (CHAU) de l’Outaouais, pour lequel la date butoir fixée par Québec pour une annonce est dans neuf jours, est l’un des dossiers clés qui ont été abordés par le ministre régional Mathieu Lacombe et la mairesse désignée de Gatineau, Maude Marquis-Bissonnette, lors d’un premier tête-à-tête mardi.
Répétant depuis des mois que le gouvernement dévoilera d’ici la fin du printemps son choix final d’emplacement pour l’infrastructure flambant neuve de 600 lits, le ministre responsable de l’Outaouais a indiqué qu’on garde le cap pour une annonce au plus tard le 21 juin, premier jour de la saison estivale.
«C’est ce qui est prévu, honnêtement. Il nous reste encore beaucoup d’éléments à valider puis à organiser mais je vous dirais que le travail a très, très bien cheminé. Le travail a été bien fait, mais là on est à un moment charnière, où on a beaucoup de discussions, donc je n’en parlerai pas plus longuement en ce moment», explique l’élu.
Sans fournir le moindre détail sur les analyses – trois sites sont étudiés depuis le départ, soit le parc industriel de Hull (rue d’Edmonton), les Hautes-Plaines (boulevard de la Technologie) et le Centre Asticou (boulevard Cité-des-Jeunes) –, ce dernier affirme que «tout le monde souhaite avoir le site le plus central possible» et que le processus tire à sa fin.
«Un quasi consensus»
Au surlendemain de son élection, Mme Marquis-Bissonnette n’a pas caché qu’elle suit très attentivement ce dossier depuis le tout début et que son opinion est limpide.
«Je suis favorable à un site central, les élus de l’Outaouais sont bien au courant de cette prise de position-là très claire dès le départ. Pour moi, c’est un quasi-consensus dans la société civile, les groupes en environnement, la communauté d’affaires, mentionne-t-elle. [...] Évidemment, les analyses se poursuivent, le dossier continue de cheminer du côté du gouvernement du Québec, moi je veux être une partenaire mais je veux qu’on ait un site qui va être dans l’intérêt de tout Gatineau.»
Nouveau site: le conseil interpelle Québec
Par ailleurs, le quatrième site – où on retrouve l’ancien immeuble de la Défense nationale et un stationnement détenu par Loto-Québec (555. et 625, de la Carrière) – qui a récemment fait son apparition dans l’actualité comme potentiel endroit où ériger le complexe hospitalier, amène le conseil municipal de Gatineau à interpeller Québec pour savoir si ce terrain pourrait être priorisé. Ce site émane d’une proposition de la Coalition pour un centre hospitalier accessible et durable en Outaouais (CCHADO).
La résolution au sujet de ce site, qui était d’abord un avis de proposition parrainé par le conseiller Mike Duggan, devait faire l’objet d’un vote au conseil mardi soir.
Pour la mairesse élue, on ne peut se permettre d’ignorer ce vaste endroit.
«Je pense aussi que les analyses devraient être faites sur ce site-là, j’ai eu l’occasion de leur mentionner ce matin [à l’équipe du ministre Lacombe]. J’appuie la démarche du conseil», dit-elle.
Ce site, situé à proximité du corridor du Rapibus, serait le plus accessible, pour le plus de gens possible, et ce à la fois en vélo, en autobus et en auto, selon les modélisations des temps d’accessibilité obtenues par Le Droit il y a deux semaines.
Mardi, la conseillère du district de l’Orée-du-Parc, Isabelle N. Miron, s’est interrogée à savoir si cette demande d’analyse de ce site n’était pas «un coup d’épée dans l’eau» et que le choix n’est pas déjà fait puisque, selon elle, la Société québécoise des infrastructures (SQI) aurait ces derniers jours effectué de nouveaux tests de sol sur le boulevard de la Technologie.
Rappelons que le site de la rue d’Edmonton, annoncé en grande pompe en juin 2022, n’est plus assuré d’être le site retenu et que l’expropriation nécessaire d’une quarantaine de commerces à cet endroit suscite de la grogne. Valides pour deux ans mais renouvelables, les avis de réserve envoyés aux propriétaires des bâtiments dans ce large périmètre expirent en août.
Itinérance
La première rencontre Lacombe–Marquis-Bissonnette, a aussi permis d’aborder la question plus large du réseau de la santé en Outaouais, de même que les thèmes du logement et de l’itinérance. Tous les deux ont convenu qu’il y avait «beaucoup de pain sur la planche».
Alors que le phénomène n’a jamais autant fait les manchettes en raison de l’ampleur qu’il a pris après la pandémie, l’itinérance s’est invitée dans les premières discussions entre les deux élus.
«C’est un domaine évidemment dans lequel la Ville a les deux mains nécessairement, par obligation, mais dans lequel le gouvernement du Québec a un grand rôle à jouer aussi, donc il faut absolument qu’on travaille ensemble, a commenté le ministre. On ne peut pas laisser la Ville s’organiser toute seule avec ça, parce que ce n’est pas sa responsabilité. On en fait déjà beaucoup, maintenant comment on peut en faire encore plus, encore mieux, j’ai envie de dire?»
Le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, doit d’ailleurs être de passage en ville d’ici quelques semaines, a spécifié M. Lacombe.
Sa nouvelle interlocutrice abonde dans le même sens, rappelant que l’itinérance est «une crise humanitaire et ce sont les gens les plus vulnérables de notre ville».
«L’itinérance, c’est un excellent exemple de pourquoi il faut avoir une bonne collaboration, parce que ça concerne la Ville mais aussi éminemment le gouvernement. Je ne m’en suis pas caché, je veux que la Ville intensifie ses actions en matière d’itinérance et de logement, qui sont deux actions intimement liées, a enchaîné la mairesse désignée. J’ai eu une excellente écoute ce matin des députés à cet effet-là.»
Optimisme pour la relation
Depuis son élection en 2018, en incluant Mme Marquis-Bissonnette, Mathieu Lacombe aura côtoyé quatre personnes à la mairie de Gatineau. Il estime que la relation ne sera pas difficile à bâtir.
«Je vois un très bel avenir, en ce sens où ce qui est important, au-delà des dossiers sur lesquels on ne sera pas toujours d’accord, c’est la capacité à travailler ensemble. Les partenaires que j’ai côtoyés, que ce soit des maires, mairesses, représentants syndicaux, PDG d’organisations, à chaque fois qu’il y a un respect mutuel, qu’il y a un lien de confiance, il y a lien de travail qui s‘installe, explique-t-il. C’est plus productif, on est capable de tout régler, même les dossiers où on s’entend moins bien.»
https://www.ledroit.com/actualites/a...JT56HU7KDJXFI/