Ruisseau de la Brasserie: «la Ville devra nous aider», dit la CCN
Par Mathieu Bélanger, Le Droit
13 octobre 2023
La mairesse de Gatineau, France Bélisle, se réjouit de voir la Commission de la capitale nationale (CCN) vouloir finalement passer à l’action et investir pour polir le «diamant brut» qu’est le ruisseau de la Brasserie, «un lieu extraordinaire négligé depuis trop longtemps», ajoute-t-elle.
Maintenant, à quelle vitesse ce projet de grande envergure présenté vendredi à la Table de concertation du centre-ville pourra-t-il cheminer dans les dédales réglementaires de la Ville? Ça reste à voir. La mairesse n’a pas voulu s’avancer sur cet aspect du dossier, mais elle laisse entendre qu’il y aura «moyen de moyenner» si des obstacles devaient se dresser.
La CCN se dit prête à passer à l’action, mais s’attend à ce que quelques conditions préalables soient remplies avant de mettre les premières pelles dans la terre pour commencer la décontamination des berges du ruisseau. «La Ville devra nous aider», précise le vice-président de la planification à la CCN, Alain Miguelez.
La société de la Couronne s’attend à ce que le Programme particulier d’urbanisme (PPU) du centre-ville soit modifié pour refléter l’usage mixte souhaité sur les berges. Un changement de zonage sera aussi éventuellement nécessaire pour que le projet respecte le règlement. Des discussions préliminaires sont déjà entamées entre les deux organisations.
«On va avancer le plus possible dans la planification du projet, mais les véritables investissements en dollars se feront quand ces modifications auront été faites par la Ville, précise M. Miguelez. On ne va pas engager d’argent pour décontaminer les terrains si on n’a pas le zonage qu’on souhaite pour les développer par la suite.»
Le vice-président de la planification à la CCN rappelle que la Société de transport de l’Outaouais (STO) souhaite depuis plusieurs années aménager deux voies réservées sur la rue Montcalm et que la Ville veut élargir les trottoirs et ajouter un aménagement cyclable. «Pour ça, il faut élargir la rue sur les terrains du ruisseau, note-t-il. C’est un autre facteur qui justifie la priorité à donner à ce projet. La STO ne peut pas exproprier la Couronne. Ce sont deux désirs de longue date de la Ville et de la STO et ils sont des éléments importants du projet.»
Fin 2025?
La Ville de Gatineau doit revoir son PPU du centre-ville d’ici la fin 2025. Cela impliquera des consultations publiques en profondeur. La démarche de changement de zonage qui suivra peut s’étirer sur plusieurs mois et nécessitera aussi une période de consultation.
«Dans le contexte où il y a de la décontamination à faire et des plans à fournir, je pense qu’on pourra avancer en parallèle, estime Mme Bélisle. J’ai demandé à l’administration de regarder les modalités de ce qu’il est possible de faire. […] Si la révision du PPU devient un obstacle, il faudra s’en parler et agir en fonction de la progression de notre révision. De premières consultations pourraient déjà dégager une tendance pour ce secteur, alors n’excluons pas de se donner les moyens de moyenner. On trouvera un équilibre pour qu’on puisse continuer d’avancer.»
La mairesse précise que la CCN peut dès maintenant entamer une discussion avec les citoyens et les acteurs du centre-ville. Elle croit comprendre que le projet tel que présenté pourrait encore évoluer.
«Ce que j’aime dans ce que j’ai vu jusqu’à maintenant, c’est la volonté de faire de la mixité, dit-elle. Je vois aussi, et c’est important pour moi, que les lieux demeurent très accessibles au public. […] Dans nos premières discussions, j’ai aussi fait valoir qu’il serait intéressant qu’on réfléchisse à une infrastructure en commun, un équipement public, comme un chalet ou un centre de visiteurs près du ruisseau. Au lieu de le construire nous-même, ça pourrait être hébergé dans le projet de la CCN.»
La volonté de la CCN de considérer l’aspect culturel du secteur dans la proposition commerciale qu’elle fera est aussi positive aux yeux de Mme Bélisle. «On ne peut pas juste faire des ateliers d’artistes comme les Ateliers du ruisseau, dit-elle. Pour attirer du monde, ça prend des cafés, des restos, des bancs. Ça prend un lieu public animé. L’offre commerciale de la CCN peut très bien être complémentaire à l’offre culturelle qui se développera.»
Les relations entre la Ville de Gatineau et la CCN ont été particulièrement tumultueuses ces derniers mois, notamment dans le dossier de la ferme Moore. Mme Bélisle voit dans le projet de réaménagement des berges du ruisseau une belle occasion de resserrer les liens de communication entre les deux organisations.
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