La Cité surfe sur une vague
Par Daniel LeBlanc, Le Droit
27 octobre 2023
Ce pourrait passer par un agrandissement, ce pourrait aussi passer par une vaste réflexion sur la flexibilité dans le mode de prestation des cours. Chose certaine, le rebond record et post-pandémie du nombre d’étudiants à La Cité viendra tôt ou tard avec des enjeux pour desserrer l’étau autour des installations physiques.
Le collège francophone vit un automne record: sa clientèle a haussé en l’espace d’une seule année de 1200 étudiants, un gain de plus de 20%. Au total, 6786 étudiants étaient inscrits au trimestre. Par rapport à avant la COVID-19, il s’agit d’un accroissement de 33%.
«À l’heure actuelle, on est en mesure d’accueillir tout le monde, même si les horaires, c’est du sport à organiser. C’est sûr que dû à cette croissance-là, on doit se pencher sur la table à dessin. Si la tendance se maintient, il faudra avoir une réflexion à ce sujet-là, à moyen et long terme, voir s’il y aura un agrandissement», explique la directrice des communications, Pascale Montminy.
Gérer la croissance
Doyen de l’Institut des sciences de la santé et de la vie, Michaël Dumoulin pense que gérer la croissance peut se traduire par plusieurs avenues, pas uniquement le béton.
«Ça peut être de voir comment on peut agrandir la flexibilité dans les modes de prestation des cours, on peut faire de la comodalité, par exemple sur 50 étudiants, 25 qui se présentent (sur campus) et 25 sont sur vidéo, en alternance. Il faut se pencher sur comment on peut alléger la pression sur les installations physiques», concède-t-il, soulignant que de penser à d’autres méthodes qu’un agrandissement pur et simple.
Il ajoute cependant que c’est une évidence même que l’apprentissage en présence demeure un incontournable dans diverses circonstances et programmes, par exemple certains programmes pour qui l’apprentissage en présentiel, demeure un incontournable, par exemple en hygiène dentaire et en service incendie.
Le campus d’Ottawa compte présentement une douzaine d’édifices en incluant la résidence étudiante. L’Excentricité, le plus récent pavillon, d’une superficie de 3200 mètres carrés, a été inauguré en 2018.
Secteur de la santé
La hausse du nombre d’étudiants se constate entre autres dans le secteur de la santé, dans lequel la «grande majorité» des programmes observent une croissance.
«Malgré toutes les histoires en santé, c’est encourageant de voir que la demande est forte, nous sommes contents que la clientèle soit au rendez-vous, l’objectif final est que les gens puissent travailler dans nos centres de soins et que la (communauté) puisse être servie en français», affirme M. Dumoulin, qui rappelle que «tôt ou tard», tout le monde aura besoin des professionnels de la santé dans sa vie.
Ce regain de popularité est notamment dû à l’ajout d’une nouveauté phare, soit le baccalauréat spécialisé de quatre ans en sciences infirmières, dont la première cohorte est composée de 50 étudiants.
Une réussite, souligne le doyen à l’enseignement, spécifiant que l’établissement est «toujours un peu nerveux avant que cela ne se concrétise» quand un programme est lancé malgré toutes les études de marché à compléter.
M. Dumoulin le souligne à grands traits: un baccalauréat dans un contexte collégial est extrêmement rarissime dans le monde francophone canadien. Mais les débouchés et la formation sont les mêmes qu’à l’université.
«On reçoit des appels des parents qui demandent si c’est la même chose. C’est important de le dire: on fait face à exactement la même reddition de comptes qu’un bac universitaire. C’est la même chose, le même profil de compétences et ça donne accès au même titre à la fin. Mais c’est méconnu dans la population», lance-t-il.
Approche plus personnalisée
L’avantage dans la sphère collégiale passe par l’approche plus personnalisée, par exemple avec des ratios réduits en laboratoire et des stages dès la première année.
On essaie aussi d’orienter les étudiants vers des milieux moins sollicités pour que l’expérience soit plus positive et ne soit pas un fardeau supplémentaire sur le réseau.
«Quand tout le monde veut aller en néonatalogie, en médecine chirurgie, il y a une capacité à Montfort, à l’Hôpital d’Ottawa, à CHEO, à Hawkesbury, ça demande beaucoup aux employés déjà dans les milieux pour accueillir tout ce monde, c’est un afflux qui met beaucoup de pression. On réussit à mettre des stages à des endroits, des milieux qui sont moins chargés dans certaines spécialités», dit-il.
D’autres baccalauréats?
La Cité n’exclut pas de plancher sur l’ajout d’autres baccalauréats, selon les besoins, mais refuse de dévoiler ses idées pour l’instant.
L’établissement indique que ce qui fait aussi pencher la balance pour la hausse de la popularité est certainement aussi la subvention Apprendre et rester offerte par le gouvernement provincial pour répondre à la pénurie de main-d’œuvre en santé. Cet incitatif permet aux étudiants en sciences infirmières d’avoir des études payées à 100%, en plus des frais pour des manuels et d’autres frais obligatoires. La mesure s’accompagne toutefois de conditions: la réussite du programme et une fois le diplôme en poche, s’engager à travailler dans la région où on a étudié pendant un minimum de six mois pour chaque année d’études financée.
«Ces programmes-là attirent l’attention», admet M. Dumoulin.
Selon Mme Montminy, cette hausse historique de clientèle s’explique notamment par la réputation de l’institution mais aussi l’expérience et les services d’appui qui y sont offerts.
«Dès les premières semaines de cours, on les met dans un environnement, un laboratoire où ils doivent rapidement plonger. Ça leur fait prendre conscience de si c’est vraiment ce qu’ils veulent faire. On a des installations avant-gardistes et nos programmes sont pertinents, et répondent aux besoins du marché du travail, avec qui on travaille étroitement», explique-t-elle.
Pour l’exercice clos le 31 mars dernier, le fonds de fonctionnement de La Cité atteignait un peu plus de 137 millions de dollars. Au total, les frais de scolarité représentaient 42,4 millions.
Quelques chiffres sur La Cité
- 2019 : 5 102 inscriptions au trimestre d’automne
- 2023 : 6786 inscriptions (+33%)
- Taux d’emploi des diplômés* de 85,1% (13e rang sur 24 collèges publics en Ontario)
- Taux de satisfaction des diplômés* de 81,7% (4e rang), le plus bas depuis 2014
*six mois après l’obtention du diplôme d’études collégiales, 2021-2022
Source: La Cité
https://www.ledroit.com/actualites/e...BK7KPPU6RLWMA/