Un musée régional de 28 M$ à Gatineau : quatre sites en analyse
MATHIEU BÉLANGER
Le Droit, 25 février 2021
Lentement, mais sûrement, le futur Musée régional de l’Outaouais (MuséO) est en train de prendre forme. Le Droit a appris qu’une première entité muséale de petite envergure sera créée dès cette année afin de préparer le terrain à une plus grande infrastructure dont les coûts sont évalués à 28 millions $. Quatre sites pouvant accueillir le musée ont été identifiés à Gatineau. Ils feront l’objet d’analyses plus approfondies au cours des prochains mois.
Le Réseau du patrimoine de Gatineau et de l’Outaouais (RPGO) qui pilote le projet depuis déjà cinq ans dévoilera son étude de faisabilité en cours de journée ce jeudi. L’étude de 122 pages réalisée par la firme Cultura dont nous avons obtenu copie en exclusivité laisse entrevoir une ouverture officielle du Musée régional de l’Outaouais entre 2028 et 2030. Plusieurs étapes incontournables doivent cependant encore être franchies par le MuséO, notamment celle de la reconnaissance officielle par ministère de la Culture et des Communications du Québec. Ce processus s’étend sur trois ans. Une fois acquise, l’accréditation permettra l’accès aux différents programmes de subvention en matière de culture et de patrimoine permettant d’ériger et faire fonctionner le musée.
Le modèle de musée régional mis de l’avant par le RPGO est né en 2018 de la concertation de très nombreux acteurs du milieu de l’histoire et du patrimoine de l’Outaouais. Qualifié de «musée satellite», le futur MuséO misera sur une infrastructure centrale à Gatineau qui comprendra des salles d’exposition, de l’espace d’entreposage pour les collections ainsi que toute l’expertise muséale nécessaire. D’après l’étude de faisabilité, le musée aura une superficie de 8650 m2, incluant la réserve de 4900 m2 destinée à la conservation des artefacts.
«Le MuséO comprendrait aussi des satellites, des institutions déjà existantes sur le territoire de l’Outaouais qui opéreraient sous la bannière de Musée régional de l’Outaouais, explique le directeur général du RPGO, Louis-Antoine Blanchette. L’infrastructure de Gatineau serait au service des autres organismes en patrimoine de la région. Le musée serait une institution-ressource capable d’offrir des services professionnels en gestion de collection, en administration, en communication et surtout en espace pour accueillir convenablement les collections des autres musées de la région. Les autres musées demeureraient propriétaire de leur collection, mais l’institution régionale offrirait l’espace pour la conservation. Le MuséO vient en fait répondre aux besoins exprimés depuis des décennies par les organismes en patrimoine de la région.»
Quatre sites identifiés
La firme Cultura a identifié quatre sites pouvant potentiellement accueillir le futur Musée régional de l’Outaouais à Gatineau. Chacun de ces sites a fait l’objet d’une première évaluation sommaire. Les propriétaires de ces sites ont été mis au fait de l’intérêt du MuséO, mais aucune négociation n’a encore été amorcée par le RPGO. Il s’agit de l’ancien monastère des
Servantes-de-Jésus-Marie situé au 210, rue Laurier, qui appartient maintenant à la Commission de la capitale nationale (CCN), des édifices en pierre qui faisaient jadis partie de
l’ancienne usine E.B. Eddy, situés aussi en bordure de la rue Laurier, dans la partie nord-ouest du projet Zibi, d’un site non précisé situé dans le
pôle culturel Montcalm, dans le centre-ville de Gatineau, ainsi que de terrains situés près du
cimetière St.James, tout près de l’Université du Québec en Outaouais, sur le boulevard Alexandre-Taché.
Ce sont ces derniers terrains qui obtiennent le meilleur pointage au terme d’une première analyse réalisée par Cultura, explique M. Blanchette. «Nous serions dans une construction neuve, sans devoir faire des travaux majeurs de restauration comme ce serait le cas à Zibi, précise-t-il. C’est dans un secteur central, à côté d’une université appelée à se développer davantage et à proximité d’un cimetière patrimonial et du transport en commun. Nous n’excluons pas du tout les autres sites. Il reste énormément d’analyses à faire avant de pouvoir faire un choix éclairé. Les anciens édifices de la E.B. Eddy sont aussi intéressants, mais il faut prendre en considération les coûts d’acquisition et les travaux nécessaires. Avant de dire qu’il s’agit d’un site potentiel sérieux, il nous faudra au préalable avoir un plan fonctionnel et technique et avoir des négociations très sérieuses avec le propriétaire.» Le RPGO estime avoir tout en main pour prendre une décision quant au site retenu d’ici un maximum de trois ans.
D’abord naître, ensuite grandir
Créer un musée au Québec n’est pas une chose simple. Les étapes sont nombreuses. «On ne peut pas passer de rien du tout à un musée de 30 millions $, ça ne fonctionne pas du tout comme ça, on a des devoirs à faire et des étapes à suivre et la toute première est de créer l’embryon», explique M. Blanchette.
D’ici quelques mois, le RPGO va créer une entité muséale qui va commencer à organiser des activités de diffusion du patrimoine et qui mettra en oeuvre la suite des choses. Cet «incubateur» maintiendra des activités muséales pendant trois ans afin d’être officiellement accrédité par le ministère de la Culture du Québec comme musée et avoir accès aux subventions nécessaires à la réalisation du projet final de 28 millions $. Le RPGO est à la recherche d’un site pour accueillir cette version minimaliste du musée régional pour les prochaines années. La Maison Charron, située dans le parc Jacques-Cartier, récemment libérée par l’Association des auteurs de l’Outaouais, semble tout indiquée pour accueillir cet incubateur.
«Le lieu est intéressant parce qu’il a déjà hébergé un musée dans les années 1960, note M. Blanchette. C’est aussi la plus vieille maison de Gatineau, un des rares exemples de maison en pierre de l’époque qui nous reste encore dans la région.» M. Blanchette précise qu’aucune discussion n’a encore été entamée à ce sujet avec la CCN. D’autres sites potentiels ont aussi été identifiés. Les premières expositions du musée régional doivent voir le jour plus tard cette année. «D’ici trois ans, on aura identifié le lieu du futur musée, on aura notre accréditation et on pourra entrer dans la phase de réalisation, explique M. Blanchette. C’est un long processus, c’est beaucoup de travail, mais il faut prendre le temps nécessaire pour bien faire les choses et c’est ce que nous faisons depuis le début dans ce projet.»
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