Une résidence étudiante de 31 millions dans la mire de l’UQO
Par Daniel LeBlanc, Le Droit
6 octobre 2023
L’Université du Québec en Outaouais (UQO) n’a pas perdu de temps et a déjà en main les esquisses et un emplacement pour une toute nouvelle résidence étudiante, la première en plus de 20 ans à voir le jour sur ses terrains. Une infrastructure qui, dit-on, pourrait contribuer en partie à soulager l’historique crise du logement dans la région.
Le projet évalué à 31 millions de dollars, pour lequel on espère un sceau d’approbation gouvernemental pas plus tard que cet hiver en prévision d’une pelletée de terre plus tard en 2024, a été soumis en septembre en marge d’un appel de projets de la deuxième phase du Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ), auquel les universités étaient cette fois admissibles.
Le bâtiment de six étages proposé, qui comprendrait 131 chambres réparties dans 79 logements (52 logis de deux chambres à coucher et 27 studios), serait érigé sur un site détenu par l’UQO sur le côté sud-est de l’intersection des boulevards Alexandre-Taché et Saint-Joseph, aux abords du terrain synthétique de soccer et face au manège militaire Salaberry, a appris Le Droit. Sa superficie totale avoisinerait les 6000 mètres carrés.
«On s’est mis en mode accéléré, car on a appris ça en juin et (la date butoir) pour déposer (un projet) était le 22 septembre. Toutes les analyses, études de faisabilité, que ce soit architecture, structure, civil, géothermie, eaux pluviales, tout a été fait. Le dossier est complet», note la rectrice Murielle Laberge.
Du jamais vu: 525 noms sur la liste d’attente
Pour l’établissement, le tic-tac de l’horloge se fait entendre de plus en plus pour agir face à une crise du logement qui a des impacts directs sur sa clientèle étudiante. La longue liste d’attente pour une chambre dans les résidences étudiantes actuelles, dans lesquelles on dénombre au total 198 places, a continué de s’allonger et compte désormais 525 noms. C’est du jamais vu, et de loin.
«On s’entend qu’il y a eu des années où c’était plus facile pour les étudiants de trouver du logement dans la ville (hors campus) donc même si on ne répondait pas à l’ensemble des besoins, ils arrivaient quand même à se loger de façon abordable. Là, c’est beaucoup plus difficile», explique Mme Laberge.
Advenant une réponse positive en janvier, moment de l’annonce des projets retenus pour le PHAQ, l’institution envisage que les appels d’offres pourront être lancés dès les mois suivants, d’importantes étapes ayant déjà été franchies dont les tests de sol et l’identification du terrain. On planche sur une ouverture des lieux au début de l’été 2026.
La rectrice, qui espère que Québec va prêter une oreille attentive à ce projet d’infrastructure qui aura des impacts multiples, tape de nouveau sur le même clou en rappelant que le coût de la vie est très élevé pour les étudiants de la région. Elle prévoyait d’ailleurs en discuter vendredi avec la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, de passage à Gatineau.
«Les chiffres parlent avec 525 étudiants en attente, un taux d’inoccupation de 0,8% (à Gatineau) et le fait qu’on est la région où le prix du logement est le plus élevé. Je pense que tout ça plaide en faveur de notre région pour le développement de logements», lance-t-elle.
De larges retombées, une facture partagée
Pour Mme Laberge, il faut absolument voir les retombées à long terme d’un tel investissement et analyser la situation régionale de façon «plus globale», surtout dans le contexte économique actuel.
«On doit continuer à former, c’est notre main-d’oeuvre de demain. On se rappelle que quand on étudie à un endroit, on se créé un réseau social, souvent familial, et on s’y installe, signale-t-elle. Si on n’arrive pas à offrir du logement, ces gens-là vont aller étudier ailleurs et on va juste accroître la pénurie de main d’oeuvre.»
La facture serait partagée entre divers paliers puisque dans le cadre de ce programme de financement, Québec défraie jusqu’à un maximum de 60% des coûts admissibles du projet, alors que 40% de cette même proportion proviendrait de la ville. Une présentation à ce sujet a été faite devant le comité-choc en logement de Gatineau et l’accueil était favorable, dit-on. Le reste des coûts seront assumés par l’établissement d’enseignement, qui prévoit aussi faire appel à ses donateurs par le biais de la Fondation de l’UQO.
Consciente que les besoins sont encore plus grands, la rectrice Laberge affirme que le nombre de chambres dans ce projet, dont les détails pourraient encore varier légèrement, était le maximum possible pour le moment non seulement pour des questions financières mais surtout en lien avec le zonage permis dans ce secteur. Un autre grande parcelle de terrain sera disponible pour l’UQO à l’avenir pour d’autres projets, par exemple le campus unifié, cette fois au sud-ouest de l’intersection Alexandre Taché et Saint-Joseph.
Au-delà de la crise du logement, une nouvelle résidence servira à l’UQO en raison de l’effectif en hausse, une tendance qui s’observe déjà – la croissance de 5,2% cette année au campus de Gatineau était l’une des plus fortes de l’histoire – et qui est appelée à se poursuivre. L’institution a aussi vu son nombre d’étudiants internationaux bondir de 37% à la rentrée. Certains secteurs, notamment les sciences sociales avec 15%, connaissent des augmentations marquées.
«On sait que quand il y a une hausse au collégial, il y en a aussi chez nous», affirme Mme Laberge, qui est d’avis que les prévisions de l’effectif élaborées par Québec, lesquelles projettent une hausse de 200 étudiants d’ici 2031 au campus de Gatineau, sont «conservatrices».
L’arrivée d’un programme de kinésiologie en 2024, sans compter l’intention d’ajouter la nutrition d’ici quelques années et la transformation du baccalauréat en informatique dès l’an prochain avec l’ajout de certificats en identité numérique, gestion des affaires technologiques et cybersécurité, par exemple, apporteront aussi de l’eau au moulin à l’UQO, pense-t-elle.
À l’heure actuelle, dans les maisons de ville de l’UQO, les loyers varient entre 557 dollars (appartements de deux chambres) et 779 dollars (studios) par mois. Dans la majorité des cas, pour des questions financières, les étudiants penchent pour des logements où ils sont en colocation.
Rappelons qu’un contrat de près de 30 000 dollars pour effectuer une étude de faisabilité en lien avec une résidence étudiante avait été octroyé cet été par l’UQO.
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