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Old Posted Aug 31, 2006, 6:08 PM
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Acajack Acajack is offline
Unapologetic Occidental
 
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Ce n’est pas un forum sur la politique, mais je me dois de répondre à certains commentaires.

D’abord, bien que nous ayons assisté à un déclin de la plupart des communautés francophones hors-Québec (dont la disparition de certaines même), il est tout aussi vrai que la période caractérisée par la montée du nationalisme québécois à coïncidé avec la plus grande progression institutionnelle de l’histoire des francophones minoritaires. J’étais enfant à l’époque et mon père était transféré souvent et je peux vous dire que les écoles, les centres communautaires, centres de santé, etc. pour francophones poussaient comme des champignons un peu partout au « Canada anglais ».

Dans certaines régions, les institutions sont probablement arrivées trop tard pour épargner les francophones de l’assimilation, mais ailleurs, comme au Nouveau-Brunswick, elles ont fourni à une communauté déjà assez solidement ancrée les moyens d’assurer sa pérennité.

Pour revenir au Québec, son gouvernement a décidé d’adopter l’approche de l’unilinguisme relatif (car beaucoup de trucs sont demeurés bilingues au Québec malgré la loi 101) parce que, contrairement au gouvernement fédéral, le Québec au moins avait lu et pris acte des conclusions de la commission fédérale sur le bilinguisme et le biculturalisme, présidée par MM. André Laurendeau et Davidson Dunton. Ce que Laurendeau-Dunton recommandait, c’était à toutes fins pratiques un renforcement du français partout au Canada où il y avait des francophones en nombre suffisant. Fait important à préciser : L-D concluait aussi que le français devait être renforcé de beaucoup au Québec. Il n’était aucunement question de renforcer l’anglais au Québec ni ailleurs au Canada.

Lester Pearson était prêt à suivre leurs recommandations, mais il est décédé pas longtemps après et son successeur, Trudeau, ne voulait rien savoir de L-D.

Trudeau a donc accouché de la politique que nous avons aujourd’hui, qui présume que la langue anglaise est tout aussi menacée au Québec que le français peut l’être dans les neuf autres provinces.

Bien que le tir ait été rajusté quelque peu au cours des dernières années, pendant de nombreuses années le gouvernement du Canada se trouvait dans la curieuse position de favoriser, avec $$$, programmes et pouvoir judiciaire, le progrès de la langue anglaise dans le seul coin de l’Amérique du Nord (le Québec) où elle n’était pas encore complètement dominante!

Il ne faut donc pas s’étonner que le gouvernement du Québec a pris les mesures qu’on connaît.

Et même si je ne veux pas faire de faux parallèles, n’est-ce pas intéressant que La Cité collégiale a été créée précisément à l’époque où ça brassait pas mal au Québec avec le lac Meech, et que d’un autre côté le gouvernement de l’Ontario a provoqué la crise de l’hôpital Montfort en 1997, soit lorsque tout le monde au Canada était convaincu que le séparatisme au Québec, c’était mort?

Drôles de coïncidences, non? (Il y a plein d’autres exemples de comment les francophones hors-Québec ont fait des progrès alors que le Québec employait la stratégie du « couteau à la gorge », mais mon message est déjà assez long comme ça.)

La morale de cette histoire : on n’a rarement fait de cadeaux aux francophones du Canada rien que pour leurs beaux yeux.
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